Vivre ensemble, malgré ou grâce à ce qui nous sépare : une dernière conférence de haut niveau

La conférence sur le thème « identité nationale et identités plurielles », organisée le 26 septembre à Versailles au Salon des Aigles est venue clore le cycle d’échanges et de manifestations inscrit dans le programme « Yalla  Yalla ! en attendant les Assises ». L’objet de cette dernière conférence était d’aborder le sujet important mais sensible des identités plurielles qui coexistent dans un pays. Ces identités particulières (religieuses, linguistiques, couleur de peau, mœurs et culture…) peuvent constituer les briques d’un sentiment d’appartenance commune à une même nation, elles peuvent aussi être tues au profit de valeurs transcendantes ; dans un nombre élevé de cas, elles peuvent cependant se vivre en concurrence avec une identité nationale commune, pouvant alors nuire à la coexistence de plusieurs identités particulières au sein d’une même nation.

En effet, comme l’a rappelé Bahjat RIZK, attaché culturel auprès de la délégation libanaise auprès de l’UNESCO, la question du pluralisme se pose aujourd’hui à un niveau mondial suite au développement des moyens de communication et des flux migratoires qui ont engendré une interpénétration des espaces culturels provoquant une recrudescence des conflits identitaires. Un rapport de l’Unesco datant de l’année 2000 indique à ce sujet que la plupart des conflits qui surgissent dans le monde ont une dimension culturelle. En outre, 86 des 92 conflits recensés dans le monde sont internes aux Etats.

Le Liban a été un espace de pluralisme culturel dès le début de son histoire, du fait de sa géographie atypique et de sa position médiane stratégique. Pour Bahjat RIZK, il s’agit d’un pays paradoxal : la côte et la plaine ont constitué des voies de passage et la montagne a servi de refuge aux minorités persécutées dans le reste du Moyen-Orient. La diversité géographique semble, dans le cas libanais avoir engendré la diversité historique et culturelle. Selon M. RIZK, cette diversité touche aujourd’hui toutes les sociétés du fait de la mondialisation, d’où l’importance qu’il y a à opérer une lecture anthropologique des identités collectives et culturelles basée sur les paramètres définis il y a 2500 ans par Hérodote, le « père de l’histoire » lors des guerres médiques entre les Grecs et les Perses : « Il y a le monde grec uni par la langue, le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs et nos mœurs qui sont les mêmes ».

L’identité culturelle n’est pas figée : elle comporte des paramètres structurants dont il faut arriver toutefois à s’abstraire pour pouvoir aboutir à une « identité humaine ». Il est à noter que la plupart des conflits culturels, d’aujourd’hui, reposent sur l’un ou l’autre de ces éléments précités. La structuration identitaire doit prendre en compte ces éléments pour pouvoir les regrouper et maintenir le lien sans se réfugier dans un « humanisme béat ». Toutefois, la question du « Vivre Ensemble » et les problématiques inhérentes à la coexistence de populations aux religions, langues, coutumes, en somme aux « identités plurielles »se pose également sur d’autres territoires, sous des formes et avec des conséquences différentes.

Cette conférence a ainsi été l’occasion de découvrir, outre l’exemple du Liban, les expériences camerounaises et françaises en matière d’approche et d’idéologie dans un contexte de coexistence de populations « différentes » par leurs origines, leurs pratiques culturelles ou religieuses.

L’expérience camerounaise des « identités plurielles » résulte en grande partie de son passé colonial qui a contribué à faire de lui l’exemple d’une « l’Afrique en miniature ». Selon Samuel MBAJUM, journaliste camerounais, les recherches linguistiques les plus récentes ont énuméré quelques deux cent cinquante groupe ethniques identifiables (et autant de dialectes et de sous-dialectes) qui viennent confirmer la complexité exceptionnelle de cette configuration sociétale. Confronté à l’impossibilité de se fédérer autour d’un dialecte unique ou unificateur, à l’image du wolof (Sénégal) ou du Yoruba (Nigéria), le Cameroun a opté pour le bilinguisme et fait aujourd’hui partie à la fois dela Francophonieet du Commonwealth et a fait le choix du parti unique, qui aurait permis de rassembler les populations, avec toutefois l’incontournable risque de l’instrumentalisation politique.

Outre la recherche de repères linguistiques communs, le Cameroun a tenté de faire de son drapeau un symbole d’unité aux couleurs rappelant les différentes zones climatiques et géographiques du pays (la couleur verte, se référant aux espaces géographiques tropicaux, la couleur rouge, en référence aux hauts plateaux et enfin la couleur jaune, pour rappeler les zones sablonneuses du nord).

La question des « identités plurielles » n’est toutefois pas réservée aux deux pays précités : en France, la thématique de l’ « identité nationale », expression apparue dans les années 1980 comme nous l’a rappelé Christine BOUTIN, ancien Ministre, Conseiller général des Yvelines et Présidente du Parti Démocrate-Chrétien. Elle a envahi au cours des dernières années les scènes médiatique et politique. Elle hante depuis lors de manière récurrente l’histoire dela Franceet renvoie ainsi aux terribles « zones d’ombre du Régime de Vichy ». L’expression « identité nationale » vise ainsi l’ensemble des « points communs, réels ou supposés entre des personnes qui se reconnaissent d’une même nation (..) ».

La législation française présente la particularité d’opposer le droit du sang au droit du sol et cette distinction débouche naturellement sur la proclamation du principe de laïcité que l’on retrouve à l’article 1er de la Constitution Française. : « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion (..). Dans ce contexte, la langue, l’école publique laïque, sont des facteurs d’identité parmi d’autres.

S’inspirant des propos de Max GALLO, et rejoignant M.RIZK sur ce point, Mme BOUTIN a eu l’occasion de préciser que l’identité nationale se doit d’être ouverte : « Elle se modifie sous l’apport bénéfique de populations venues d’ailleurs ». Or, les passions suscitées par le débat autour de l’identité nationale en France découlent en partie des amalgames et préjugés relatifs à l’immigration, véhiculés et entretenus par les partis d’extrême-droite.  Dans ce contexte, Mme BOUTIN a pu considérer que l’identité nationale est un sujet qui se doit d’être abordé en toute objectivité, sans « racisme », et pourquoi pas à la lumière des paramètres d’Hérodote qu’elle juge particulièrement éclairants et pertinents.

Quoi qu’il en soit, si la laïcité ne peut être conçue comme une valeur universelle, et si les paramètres d’Hérodote peuvent être considérés comme éclairants mais quelque peu théoriques, des populations qui n’ont à première vue aucun point commun (ni la même langue, ni la même religion, ni les mêmes mœurs) peuvent, et la diversité du monde nous le montre, accepter de vivre ensemble.

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