Les diasporas, des acteurs de développement sur lesquels compter

La conférence sur « la place de la diaspora dans l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement en 2015 » s’est tenue le 21 septembre. Animée par le RACIVS, représenté par Saidou Thiam et en présence du chanteur Baaba Maal, ambassadeur itinérant des Nations Unies, de Papa Amadou Saar, expert auprès de l’OCDE et de Jean-Marie Tétart, Vice-Président du Conseil général des Yvelines délégué à la coopération décentralisée, elle s’est tenue à l’Auditorium de l’Université Inter-âges à Versailles.

Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) sont huit objectifs internationaux de développement définis à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2000 et auxquels ont souscrit 23 organisations internationales et 192 pays. L’objectif principal de cette action mutualisée est de combattre l’extrême pauvreté sur tous les fronts en ciblant des axes concrets tels que : la réduction du taux de mortalité infantile, l’amélioration des conditions d’accouchement pour les femmes, l’accès à l’éducation primaire ou encore la lutte contre les grandes pandémies.

Dans ce contexte, les personnes issues des migrations africaines, dispersées à travers le monde et représentant ce qu’il est d’usage d’appeler la « diaspora » apportent par leurs transferts d’argent, de capital social, par leurs investissements au sein de leurs villages et régions d’origines, une contribution à première vue importante, bien qu’insuffisamment prise en compte par les statistiques officielles.

L’objet de cette conférence était donc de faire le point sur les apports multiformes de la diaspora africaine dans la contribution à la réalisation des OMD.

Les premières générations des migrants ont concentré leurs investissements sur l’amélioration des conditions de vie de leurs familles par une contribution aux dépenses quotidiennes et par la réalisation de transferts d’argent pour pallier aux situations de crise et aux coups durs.

Avec le temps et l’évolution de leurs statuts à l’étranger, les migrants des générations suivantes ont progressivement réorienté leurs actions (sans toutefois arrêter de subvenir aux besoins de leurs familles) vers la réalisation d’équipements collectifs, destinés à un plus grand nombre de personnes, mais aussi par l’investissement dans des projets plus productifs qui contribuent à impulser de nouvelles dynamiques locales.

Les apports des migrants sont importants : selon une étude récente de l’OCDE, entre 1995 et 2010, les transferts d’argent des diasporas africaines sont passés de 101,3 milliards de dollars à 440,1 milliards.

Signe de l’évolution précitée, jusqu’en 2006, l’argent envoyé par les migrants était utilisé à hauteur de 85% pour assurer les dépenses quotidiennes. A ce jour, les investissements réalisés par les ressortissants sénégalais vivant à l’étranger s’orientent à hauteur de 60% vers l’entreprenariat.

Les secteurs de l’éducation et de la santé ne sont toutefois pas oubliés. Les migrants deviennent de véritables ambassadeurs, de réels facilitateurs pour l’accès au savoir et à la culture. Dans le domaine spécifique de la santé, l’on estime à 40% la baisse du taux de mortalité dans les zones au sein desquelles des cases de santé ont été construites et équipées par ces derniers.

Dans des pays tels que le Kenya oula Tanzanie, la contribution de la diaspora représente en moyenne 17% du PIB et permet le développement d’activités économiques et de services modernes.

Toutefois, à eux seuls, les membres des diasporas ne peuvent pas se substituer à l’action souveraine des Etats et ne peuvent se passer de soutiens locaux. Ils ont au contraire tout intérêt à promouvoir l’action publique, à intervenir de manière coordonnée et concertée dans les stratégies de développement mises en place aux niveaux nationaux et locaux. Les migrants, indépendamment de leur niveau de qualification, mais toujours forts de leur culture et de leur bon sens sont invités à se mobiliser dans leur domaine de prédilection. A l’instar de Baaba Maal, les hommes de culture, en particulier sont de plus en plus sollicités par les Nations Unies, les ONG également, pour associer leur image à la défense de grandes causes à l’échelle mondiale.

Ainsi que l’illustre Baaba Maal, initialement émissaire des Nations Unies pour la jeunesse, et désigné en 2003 comme ambassadeur itinérant du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), les artistes sont appelés à jouer un rôle de « mobilisateurs », de « traits d’union », d’acteurs porteurs d’engagements multiples destinés à contribuer au développement de leurs pays.

Dans ce contexte de mobilisation, les collectivités locales du Nord, à travers la coopération décentralisée, interviennent de manière ciblée sur les régions d’origine des migrants. Le Conseil général des Yvelines a inscrit les OMD au cœur de sa politique de coopération dans les sept pays cibles de son action. Comme l’indiquera Jean-Marie Tétart au cours de cette conférence, la réalisation de ces objectifs constituent un « but en soi », devant inspirer l’ensemble des projets portés par les associations yvelinoises de solidarité internationale et les associations yvelinoises de migrants.

Jean-Marie Tétart et Papa Amadou Sarr

Les membres des diasporas africaines, à titre individuel ou regroupés en associations n’ont pas attendu d’être soutenus par le Département pour s’engager dans la concrétisation de ces objectifs ; mais force est de constater que le travail réalisé en collaboration avec ces acteurs engagés, a permis d’accroître la qualité, la pérennité et le souci de cohérence des initiatives mises en place. En outre, des préoccupations relatives au « retour sur investissement » ou favorisant la constitution de « biens publics » sont de plus en plus perceptibles.

Papa Amadou Saar tient quant à lui à souligner le caractère primordial de la mobilité des migrants qu’il convient de faciliter afin de favoriser les échanges et les investissements locaux. En effet, en facilitant la mobilité, c’est le contrôle sur l’origine des transferts d’argent et les initiatives de développement qui sont renforcés.

A l’issue des différentes interventions, les échanges avec les participants ont permis de nourrir les échanges en évoquant différentes difficultés auxquelles sont confrontés les migrants désireux d’investir dans leurs pays et régions d’origine. Selon les témoignages exprimés, ces difficultés deviennent rapidement dissuasives lorsque le projet revêt un caractère économique : corruption, défiance à l’égard des autorités locales, manque d’appui et d’incitations de la part des autorités nationales sont autant de bémols sur lesquels tous les participants ont pu s’accorder.

En outre, certains participants à la conférence ont souhaité pointer du doigt les risques liés aux interventions systématiques et souvent très attendues des migrants sur les localités d’origine, évoquant en particulier les risques de dépendance, de développement de comportements rentiers ainsi que de freins à l’initiative économique et à l’entreprenariat. Papa Amadou Saar souligne sur ce point l’intérêt de développer des formations professionnelles, adaptées au marché du travail et pourvoyeuses d’emplois pour les jeunes. Des jeunes formés, actifs, insérés sur le marché de l’emploi sont des jeunes qui restent dans leur pays et contribuent à son développement.

A trois années de l’horizon 2015 que s’était fixé la communauté internationale pour réaliser les OMD, « date-limite », « date-fictive » selon Baaba Maal, le constat implacable confirmé par une étude de l’OCDE est celui de l’impossibilité pour l’Afrique sub-saharienne d’atteindre ces objectifs. La déclaration du Millénaire présente cependant l’intérêt majeur d’avoir défini un cap et d’avoir suscité un consensus au sein de la communauté internationale. Des progrès décisifs ont été réalisés en ce qui concerne l’accès à l’éducation, la réduction de la mortalité infantile et maternelle. La prise en considération de l’environnement « durable » a fait l’objet de nettes améliorations également.

Dans ce contexte, les individus issus des diasporas africaines ont su confirmer le lien entre leurs actions et leurs impacts sur le développement. Toutefois, ainsi que l’indiquera Baaba Maal, l’on ne « travaillera jamais assez pour subvenir aux besoins des populations ».

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