Le premier cœur artificiel est Yvelinois  

SophieBerguin

Le premier cœur artificiel mondial a été implanté le 20 décembre 2013. Créé par la société Carmat, il existe grâce au soutien du Conseil général. Retour sur 25 ans d’aventure.

Professeur Alain Carpentier
Crédit photo © Reuters

L’aventure Carmat a commencé en 1988 lorsque le professeur Alain Carpentier, chirurgien et cardiologue français, dépose avec l’Université de Paris Pierre et Marie Curie, le premier brevet mondial sur le cœur artificiel bioprothétique. En 2008, il noue une alliance stratégique avec le groupe aéronautique Matra (aujourd’hui filiale d’EADS) pour créer la société Carmat à Vélizy-Villacoublay. Sa mission sera de contribuer au développement d’organes artificiels évolués. Le prototype final de 900 grammes totalement optimisé, capable d’adapter le flux sanguin à l’activité physique de son porteur, est conçu la même année.

Dès 2009, pour soutenir l’innovation, le Conseil général octroie une subvention de 1,5 million d’euros à Carmat pour la réalisation de sa salle blanche, pièce centrale de la société où sont assemblés tous les éléments qui composent ce cœur humain artificiel.
Patrick Coulombier, le directeur général adjoint de Carmat, se souvient :

« Cela nous a permis de gagner six mois à un an dans le développement de notre produit. »

Le 24 septembre 2013, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé (ANSM) donne son aval à la société yvelinoise pour tester son prototype de cœur artificiel sur quatre patients souffrant d’une insuffisance cardiaque terminale. Après plus de 20 ans de recherches et d’expérimentation, le premier essai clinique de faisabilité du cœur artificiel bioprothétique s’est déroulé le 18 décembre 2013 à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP).
Sous la direction du professeur Alain Carpentier, le professeur Christian Latrémouille de l’HEGP et le professeur Daniel Deveau du CHU de Nantes, ont procédé à l’implantation définitive du cœur 100% artificiel sur un patient français de 75 ans, souffrant d’une insuffisance cardiaque terminale.

« De battre, son cœur a commencé »

16 jours après l’implantation du cœur, le patient se trouve dans un « état satisfaisant » précise le communiqué de l’hôpital Georges-Pompidou publié le 30 décembre.

« Le malade s’alimente normalement et a pu passer sans gêne notable trois heures dans un fauteuil tandis que ses fonctions biologiques se normalisent progressivement », expliquent le professeur Alain Carpentier, concepteur du projet du Cœur Carmat, et le professeur Christian Latrémouille.

En cas de succès de l’opération, validé par 30 jours de survie, 100 000 patients pourraient à terme bénéficier de ce traitement.